Film 35mm La mise en oeuvre des diapositives en multivision

 

En règle générale, les projecteurs professionnels ne sont pas munis d'un dispositif de mise au point automatique (auto-focus).
La précision de la mécanique fait que toutes les dias tombent toujours de la même manière et exactement au même endroit dans le couloir de projection.

Pour n'être pas obligé de retoucher à la mise au point pendant une projection, il faut:

 

Les caches verre sont des montures constituées de deux parties qui se referment par clipsage, enfermant le film entre elles, en sandwich. Chaque partie est équipée d'une plaque de verre qui fait que le film est solidement maintenu à plat et ne peut donc pas se gondoler sous l'effet de la chaleur de la lampe de projection.
Le film étant toujours positionné au même endroit par rapport au dispositif optique, le réglage de netteté ne varie pas en cours de séance.

Il esiste plusieurs fabricants de caches verre, et plusieurs modèles chez chacun d'eux.
Les marques les plus répandues sont Gepe et Wess.
Les caches et accessoires de la marque Wess peuvent être approvisionnés auprès de la société Electrosonic.

Pour ma part, j'utilise des caches 5x5cm pour film 24x36 de marque Gepe type 6050 (ou 6150 si on les achète par 1000), d'épaisseur 2,5mm, avec fenêtre aluminium, verres traités anti-Newton, et registrés. Ces caches font partie de la gamme professionnelle du fabricant mais restent d'un prix raisonnable.
"Registré" signifie que le film n'est pas simplement maintenu par pression entre les deux plaques de verre, mais que ses perforations s'ajustent à des ergots judicieusement placés dans la monture. Ainsi, le film ne peut pas se déplacer en glissant dans le cache.
Corollaire: toutes les diapositives doivent être exposées dans un appareil photo "registré" garantissant une reproductibilité du positionnement de l'image par rapport aux perforations.
Cette caractéristique est surtout incontournable pour les images panoramiques recomposées, appelées "softs" (Soft Edge slides, c'est à dire diapositives à bords "adoucis"), utilisant plusieurs projecteurs simultanément pour reconstituer sur l'écran une image scindée en plusieurs diapositives. Les duplicatas doivent être réalisés sur un banc diviseur muni d'ergots de positionnement (Voir le splitter Wess en bas de page).

Le format d'écran 3x1 que j'utilise permet basiquement de projeter trois types d'images:

Il va sans dire que l'utilisation de 6 projecteurs permet de basculer sans trou en fondu-enchaîné d'un écran complet au suivant, quelque soit le type d'image projeté.
L'utilisation de 9 projecteurs m'autorise un rythme de passage de diapos plus soutenu, si nécessaire, ainsi que certains effets comme la projection de titres ou d'incrustations de formes spéciales par dessus des images triples qui se succèdent en fondu-enchaîné.

 

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Le soft

Le "soft" (Soft Edge) est une image unique (au format 3 x 1 dans mon cas), qui couvre la totalité de mon écran de 4,20m x 1,40m.
Les appareils photo classiques ne sont pas prévus pour des prises de vue à ce format.
On peut tenter de prendre trois photos successives en décalant à chaque fois horizontalement l'appareil d'une valeur constante. C'est la méthode qui donnera la meilleure qualité de projection, mais quelle épreuve que cette prise de vue! Aucun décalage vertical n'est toléré, et il vaut mieux que le sujet soit immobile! Ce système est exclu pour la photo rapide.
En règle générale, j'utilise une autre méthode. L'astuce consiste à sélectionner sur la diapo 24 x 36 d'origine une zône couvrant toute la largeur de l'image, mais seulement la moitié de sa hauteur et de dupliquer cette zône en 3 diapos décalées distinctes qui seront projetées simultanément pour recréer sur l'écran une seule image panoramique.
Inconvénient: l'image obtenue correspond à un agrandissement de facteur 2 de l'image d'origine, et donc de ses défauts de netteté et de grain.

Il faut bien entendu que le sujet de la diapo se prête au panoramique et que la zône intéressante de l'image soit plutôt axée horizontalement que verticalement.
Exemple: une photo de la tour Eiffel serait très difficile à traiter en soft panoramique, en revanche, un bateau-mouche sur la Seine serait un bon sujet.

 

Voici un exemple de diapositive traitée en "Soft Edge". Il s'agit d'une photographie du Conseil de l'Europe, à Strasbourg.

  Dia Conseil de l'Europe   Conseil de l'Europe, détail   Conseil de l'aurope, 3 dias pour soft
 

La diapo d'origine

  Sélection de la zône utile  

Duplication en 3 images décalées dans le splitter Wess, et masquage

   
  Soft du Conseil de l'Europe
  L'image finale projetée

Cette image est une photo (non retouchée) de l'écran sur lequel sont projetées, via 3 projecteurs Simda 2200, les 3 diapositives masquées ci-dessus. Les zônes de recouvrement sont imperceptibles.

 

 

Un second exemple (nostalgie...):

  Lbillet.jpg
  Les trois diapositives décalées et "masquées" qui constituent le SOFT
   
  Billets de banque
 

Photo de l'écran de projection

 


Comment crée-t-on un soft à partir d'une diapositive normale?

Dans la mesure où chaque projecteur ne couvre horizontalement qu'une portion de l'écran, un soft doit être projeté par trois projecteurs, chacun d'eux prenant en charge un tiers d'image (gauche, milieu et droite), avec un fort taux de recouvrement.
En pratique, les deux projecteurs latéraux couvrent chacun la moitié de l'écran en largeur. L'image du projecteur central est superposée aux deux images latérales, qu'elle recouvre pour chacune à moitié.

Si les images étaient projetées "bord à bord" sur l'écran, la limite entre deux images contigües serait impossible à cacher: le positionnement des projecteurs ne pouvant être parfait, il y aurait toujours - ou recouvrement, - ou une bande noire entre deux images contigües.

Les trois tiers d'images sont donc "maquillés" pour que le recouvrement existe, mais soit masqué aux yeux du spectateur.
On applique à l'image de gauche un masquage progressif grisé qui commence un peu au-delà du milieu de l'image et qui est de plus en plus noir et opaque à mesure que l'on approche de la droite.
L'image de droite subit le même masquage progressif du milieu vers son bord gauche.
Quant au tiers d'image du milieu, il se voit appliquer un double masquage grisé progressif. Seul le centre de la diapo est clair. L'image s'assombrit à mesure que l'on se rapproche des bords gauche et droit.

La densité du masquage est étudiée pour qu'à tout endroit de l'écran, la luminosité soit la même. Sinon, dans les recouvrements, l'image serait deux fois plus lumineuse, étant issue de l'addition du rayonnement de deux projecteurs.
Cependant, les inévitables disparités entre projecteurs font que les zônes de recouvrement deviennent perceptibles quand l'image projetée comporte de grandes parties claires: c'est le cas, par exemple, de la photo de flamant rose qui illustre la page d'accueil de ce site.

NB: toutes les photos panoramiques présentées ici ont été prises dans des conditions réelles de projection. L'écran a été photographié avec un petit appareil numérique, et la seule retouche effectuée a été le recadrage pour ne conserver que la surface utile de projection. Ces photos n'ont aucune prétention artistique: elles ne sont là que pour illustrer les techniques que j'utilise en diaporama.

 

Le masquage:

Les diapos constituant un soft ne sont pas maquillées à la main!
Pour réaliser cette opération, on utilise des films noir et blanc à fort contraste (les transparents le sont vraiment, et les noirs ne laissent pas passer la moindre lumière), déjà exposés avec le dégradé voulu.
Ce film gris dégradé, appelé "masque", est appliqué contre la diapositive. Il est lui aussi pris en sandwich entre les deux plaques de verre dans la monture du cache.
Si, dans un diaporama, coexistent des diapositives masquées et d'autres non masquées, il faut monter le masque du coté de l'émulsion qui sera orienté vers l'objectif de projection, et non vers la boite à lumière du projecteur: ainsi, l'épaisseur du masque ne viendra pas modifier le réglage de netteté par rapport à une diapositive sans masque. J'en profite pour rappeler que le côté le plus clair des caches bicolores doit se trouver vers l'arrière, c'est à dire vers la boite à lumière, pour réfléchir un maximum de rayonnement et s'échauffer le moins possible.

On trouve, par exemple chez Bargy Images 75 rue d'Alleray 75015 Paris, ou chez Electrosonic 118 rue de Crimée 75019 Paris, des masques dégradés dont la zône grisée est plus ou moins importante. Sur un "soft", une grande zône masquée pardonne davantage les petits défauts d'alignement qu'une petite. Les grandes parties claires y sont aussi moins "maltraitées".
Personnellement, j'utilise des masques centraux MSA 025 ou MSA054, et des masques latéraux MSA 024 ou MSA 063 ou encore MSA053. Il existe aussi d'autres masques de formes variées qui permettent des effets spéciaux intéressants. Les masques à zône ronde ou ovale "mâle" et "femelle" autorisent des effets d'inscrustations d'images que je mets souvent en oeuvre.

Pour limiter l'investissement (les masques coûtent entre 1 et 2 euros HT pièce, selon la quantité, et il en faut 3 par image soft), on peut aussi réaliser la reproduction de la diapositive en intercalant contre le film duplicating au moment de l'exposition un film dégradé spécial, appelé master-soft. L'image originale est ainsi "masquée" avant d'impressionner le film vierge. Wess fournit ce film master sous la référence SE6182.
Le résultat obtenu est moins bon, car le masque doit pouvoir passer progressivement du transparent parfait au noir complet. Or, sur le film diapo, le noir n'est jamais assez dense, et laisse toujours passer légèrement la lumière. L'avantage (financier) réside dans le fait qu'un seul triple masque-étalon est suffisant pour réaliser par contact tous les softs que l'on désire.

La diapositive d'origine doit être dupliquée en trois exemplaires décalés: partie gauche de l'image, milieu et partie droite. Pour cette opération, on peut difficilement utiliser un souffet ou un tube classique de duplication monté sur un boitier 24x36.
Il faut en effet agrandir l'image d'origine d'un facteur 2 au minimum en la recadrant (ne pas oublier qu'on va en sacrifier la moitié de la surface en hauteur) et le décalage latéral entre les trois duplis doit être extrêmement précis pour que le recouvrement à masque progressif soit invisible lors de la projection.

J'utilise donc, en chambre noire, un "splitter" de marque Wess, référence SE6000 (voir la société Electrosonic) et un agrandisseur à tête couleur.
La diapositive d'origine est introduite dans l'agrandisseur et son image est projetée vers le splitter qui est posé sur la table. Le splitter est une platine métallique s'ouvrant comme un livre pour mettre le film vierge en place et munie de petites fenêtres d'occultation. Une fois faite la sélection de la portion d'image voulue et la mise au point, on éteint l'agrandisseur et, dans l'obscurité, on positionne dans le splitter une longueur de film duplicating en le clipsant sur des ergots au pas des perforations de la pellicule. On exposera le film à trois reprises en ouvrant à chaque fois une des petites fenêtres et en décalant d'un cran la partie mobile du splitter.
On obtient de la sorte trois diapositives 24 x 36 reprenant chacune une partie de l'image d'origine, avec exactement le décalage et le taux de recouvrement voulu.
Les ergots et les fenêtres du splitter sont placés par construction avec une précision qui assure le positionnement parfait du film lors de son exposition. L'utilisation de caches verre registrés garantit ensuite un taux de recouvrement idéal sur l'écran.
Il faut manier le film "à la main", en le sortant progressivement de sa bobine et en le bobinant dans un autre boitier démontable au fur et à mesure que l'on a exposé une portion de trois images. On peut ainsi allumer la lumière (atténuée quand même!) entre chaque soft pour faciliter la mise en place de la diapositive suivante dans l'agrandisseur.

Le film de reproduction que j'utilise est un grand classique du genre. Il s'agit du film Kodak Duplicating 5071 livrable en bobines de 36 poses ou en boite de 30 mètres. Il est spécialement équilibré pour la lumière artificielle halogène d'un agrandisseur, et sa très faible montée du contraste permet, après étalonnage de la tête couleur de l'agrandisseur, des duplicatas presques parfaits.

NB: Kodak a récemment remplacé le film 5071 par une nouvelle émulsion baptisée "EDUPE" qui bénéficie d'une plus grande latitude du temps d'exposition (0,01 à 10 secondes, contre 1 seconde pour obtenir de bons résultats avec le 5071) et qui convient apparemment aussi bien à l'éclairage tungstène qu'à la lumière du jour. Comme il me reste une bonne longueur de 5071 au congélateur, je n'ai pas encore pu tester ce nouveau film de duplication. Je n'ai pas essayé non plus le film duplicating de Fuji, le CDU.

Je déconseille les rouleaux de 36 poses, sauf s'ils font vraiment partie de la même série de fabrication, car le film repro devant être étalonné avant utilisation, il faut réaliser un bout d'essai avec différents dosages de jaune, magenta et cyan, soit en ajoutant les filtres gélatine adéquats, soit en utilisant les réglages de l'agrandisseur si celui-ci est équipé d'une tête couleur.
Une fois le bon réglage trouvé, il reste valable pour toute la boite de 30 mètres, que l'on pourra utiliser au fur et à mesure des besoins en la conservant au frais et en remplissant juste le nombre de bobineaux démontables nécessaires à chaque utilisation.
Au changement de rouleau, il suffit de soustraire la correction de couleur notée sur l'ancien emballage de celle réellement utilisée sur l'agrandisseur et d'ajouter au résultat la correction indiquée sur le nouveau film: si les autres conditions d'exposition n'ont pas changé (vieillissement de la lampe, objectif différent...), il ne sera pas nécessaire de gaspiller une nouvelle longueur de film en essais chromatiques.

Le développement (bains E6) est le même que pour la plupart des films pour diapositives. Il faut préciser au laboratoire de développement (professionnel, de préférence) de ne pas couper le film, car, comme celui-ci est déroulé à la main, l'espacement entre les groupes de 3 images n'est pas constant: il est donc obligatoire de faire soi-même la coupe et la mise sous cache (GePe 6050 ou Wess AAA002).

 

  Lagrand1.jpg

L'agrandisseur couleur Kaiser VCP7002
équipé d'un objectif Schneider Componon
80mm f/5.6 et le splitter Wess SE6000.

  Lsplit.jpg

Le splitter Wess SE6000. Au premier plan, le logement où l'on place les deux bobines du film, débitrice et réceptrice pendant la mise au point. La plaque en relief au second plan est mobile horizontalement: elle se déplace latéralement pour présenter successivement trois portions du film à l'exposition. La plaque se soulève pour recevoir une longueur de film. Elle est munie de fenêtres d'occultation que l'on ouvre l'une après l'autre pour exposer trois fois le film avec le décalage nécessaire.

 

  Splitter Wess

Le splitter est prévu pour différents formats d'écran. Pour ma part, je n'utilise que les 3 volets d'occultation supérieurs. L'image de l'agrandisseur est projetée sur les deux cellules en haut et à gauche de la zône blanche.

Avec le matériel dont je dispose, le temps d'exposition de chaque image est de 1 seconde à f/8 à 11 selon la luminosité de l'image d'origine. (Film 5071, lampe d'agrandisseur halogène 12V 100W et objectif 80mm).

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L'image triple

En utilisant le même procédé de masquage grisé progressif que pour les softs, il est possible de projeter côte à côte sur l'écran trois images différentes dont les zônes de recouvrement ne seront pas franches, mais progressives. De la gauche vers la droite, on passe "en douceur" d'une image à sa voisine sans pouvoir déterminer exactement où finit l'une et où commence l'autre.
Bien sûr, chacune des diapositives projetées sera tronquée d'environ un tiers de sa surface. Il s'agit de bien choisir en fonction de l'emplacement du sujet principal si telle ou telle diapo doit être placée à gauche, au milieu, ou à droite.

En choisissant bien les diapos qui seront présentes simultanément à l'écran, l'effet obtenu peut être très harmonieux, sachant que les trois parties de l'écran sont indépendantes, et peuvent donc faire séparément l'objet de transitions en fondu-enchaîné.
La créativité de l'auteur trouve là un vaste champ à exploiter.

On peut aussi bien séparer volontairement à l'écran les trois images carrées en les montant sans masques dans des caches qui occultent une partie du grand côté de l'image. Dans ce cas, il existe une bande noire entre chacune des trois images projetées. L'effet peut aussi être intéressant.

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L'image double

Le format de l'écran (3 x 1) se prête à la projection de deux images au format normal (3 x 2) côte à côte.
Ici, pas de recouvrement. Les deux images sont juxtaposées bord à bord et projetées par les deux projecteurs latéraux. Celui du centre reste disponible pour, par exemple, superposer un titre au milieu de l'écran, à cheval sur les deux diapositives latérales.

Les diapositives sont montées simplement sous caches verre, sans masque.

La division de l'écran en deux parties distinctes peut aussi avoir un autre intérêt:
Le scénario du diaporama peut prévoir deux "histoires" différentes (mais liées), qui se déroulent simultanément, chacune en fondu-enchaîné sur une moitié d'écran.

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Les titres

Les titres peuvent être réalisés au moins de deux manières différentes:

         
    Pour photographier les titres, je me sers du chassis de mon agrandisseur comme statif de reproduction. Je fixe sur la colonne mon appareil photo Canon Eos 5, muni d'un objectif 50mm f/1,4 à la place de la tête couleur de l'agrandisseur et je place sur la table la feuille de papier portant le titre imprimé. Une exposition de l'ordre d'une seconde à f/5,6 à 8 avec du film noir et blanc arts graphiques à fort contraste (Kodalith ou équivalent), et le tour est joué.

L'éclairage est optimum car constitué de deux sources "lumière du jour" (5000K) placées à 45°.

 

 

 

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